Un royaume mis à part

En tant que chrétiens, quel est notre devoir dans le monde déroutant que nous habitons ? Pouvons-nous, avec une conscience tranquille, nous laver les mains de la propagande, du mensonge, de l’immoralité et de l’hérésie qui semblent de plus en plus gagner du terrain ?

En tant que chrétiens, quel est notre devoir dans le monde déroutant que nous habitons ? Pouvons-nous, avec une conscience tranquille, nous laver les mains de la propagande, du mensonge, de l’immoralité et de l’hérésie qui semblent de plus en plus gagner du terrain ? Comment devons-nous réagir si des amis et des voisins nous accusent d’être des parasites dans notre société, en aimant les libertés gagnées par la guerre et le sacrifice des vies humaines ?

Pour eux, nous pouvons sembler indifférents pendant que nous nous rassemblons pour l’adoration, ou pendant que nous discutons, en toute liberté, des projets de fermes et des nouvelles locales, alors que notre Congrès, notre Sénat et notre Cour suprême gèrent nos libertés religieuses. Nous sommes peut-être bien trop contents de nous lorsque que nous refusons de prendre les armes pour défendre notre nation. Comment pouvons-nous vivre égoïstement dans notre petit coin quand le monde se dirige résolument vers l’autodestruction ? Sommes-nous parfaitement ignorants, tandis qu’une épée est suspendue par un cheveu au-dessus de notre tête ? Sommes-nous indifférents, suffisants, égoïstes et délibérément distants ? Est-ce que cela ressemble aux vertus pour lesquelles des milliers de martyrs ont choisi de mourir, les mêmes vertus qui ont fait vivre une religion pendant plus de cinq cents ans de l’histoire soigneusement enregistrée et, si nous prenons soin de l’étudier, pendant les 1 500 années obscures qui les ont précédés ?

Non, mes amis, nous savons tous que ces caractéristiques n’auraient pas maintenu une cause en vie pendant plus d’une ou deux générations. Il existe quelque chose de meilleur et de plus magnanime, quelque chose de plus puissant et incontestable, quelque chose de souverain et de céleste à l’œuvre ici.

Si nous espérons comprendre la confusion apparente d’aujourd’hui, nous devons saisir un des enseignements majeurs de Jésus-Christ : il existe deux royaumes — le royaume de Dieu et le royaume de ce monde. Le Nouveau Testament indique clairement que ces deux royaumes ne sont pas compatibles. Un des exemples les plus frappants est celui de la tentation de Jésus au désert. Jésus s’est montré plus fort que Son appétit et Il a vu clair dans la tromperie de Satan qui Lui offrait les royaumes de ce monde.

Plus tard, Il a dit à Ses disciples : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes pas du monde […] le monde vous hait » (Jean 15:19). Près de la fin de Son ministère terrestre, Jésus a fait cette déclaration retentissante : « Mon royaume n’est pas de ce monde… » (Jean 18:36).

Demandez à n’importe quelle personne appartenant à un milieu anabaptiste si elle croit dans la réalité des deux royaumes et elle répondra par l’affirmative. Mais dans quelle mesure vit-elle ce qu’elle croît ? Bien sûr, comme le dit l’adage : « Nous sommes dans le monde, mais pas du monde . » Nous vivons dans un monde où personne ne peut se séparer entièrement de la société qui l’entoure. Nous dépendons beaucoup des produits que le monde fabrique.

Je me demande s’il y a des exemples bibliques comparables à notre situation. Parmi les Juifs, les sadducéens et les pharisiens étaient les factions politiques dominantes au temps du Christ. Et Il ne les épargnait pas. Lorsque Ses disciples ont demandé s’Il savait que les pharisiens étaient offensés, Jésus leur a répondu : « Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles… » (Matthieu 15:14). Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Jésus a averti Ses disciples : « Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et des sadducéens » (Matthieu 16:6).

Si nous nous immergeons dans les nouvelles et les opinions de ce monde, nous serons bientôt entraînés dans ses affaires. Nous ne pouvons pas nous asseoir à la table du Seigneur et manger à la table du diable.

Même si le Christ a condamné sévèrement l’hypocrisie des pharisiens, Il n’a pas condamné leur autorité. Il a dit : « Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs œuvres… » (Matthieu 23:2). La frontière est indéniablement claire : c’est un royaume ou l’autre.

Mais au niveau personnel, la frontière n’est pas aussi claire. Nous ne voulons pas condamner quelqu’un simplement parce qu’il ne voit pas les choses exactement comme nous les voyons. Lorsque les disciples ont vu quelqu’un qui n’était pas un disciple chasser des démons au nom de Jésus, ils lui ont dit d’arrêter de le faire. Mais Jésus avait un point de vue plus large : « Qui n’est pas contre nous est pour nous » (Marc 9:40).

Après que Jésus a ressuscité Lazare, les principaux sacrificateurs et les pharisiens ont assemblé le sanhédrin et ont dit : « Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui, et les Romains viendront détruire et notre ville et notre nation » (Jean 11:47-48). Quelle révélation ! Même les non-croyants ont témoigné de la séparation entre le royaume du Christ et celui de ce monde.

L’apôtre Paul était un Juif qui avait grandi dans un milieu très « patriotique » et qui avait été formé par un célèbre pharisien de son temps. « Ne vous conformez pas au siècle présent… » (Romains 12:2), a-t-il écrit à l’Église de Rome. Il a continué avec le bien connu chapitre 13 de Romains où il explique que les chrétiens ont le devoir d’obéir aux autorités et de les respecter. « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures […] Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien […] pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal » (v. 1, 4).

De nombreux historiens expliquent que cette lettre aux Romains a été écrite pendant que Néron était empereur. Ses persécutions impitoyables pendant son règne sont bien connues. Lorsque l’on tient compte de ce contexte, il est facile de ressentir l’inquiétude de Paul dans sa [première] lettre aux Corinthiens : « Or, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu… » (2:12). Il implore l’Église : « Sortez du milieu d’eux, et séparez-vous… » (2 Corinthiens 6:17). Encore une fois, il fait une claire distinction entre l’Église et le monde.

Paul écrit aux Colossiens : « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde et non sur Christ » (2:8).

Pierre nous rappelle les grandes et précieuses promesses « … afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise » (2 Pierre 1:4). Et voici une autre exhortation de l’apôtre Jean : « N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui » (1 Jean 2:15).

On trouve un des témoignages les plus irréfutables dans la deuxième lettre de Paul à Timothée. Dans un sens, cette lettre est un adieu à tous les croyants de cette terre. Si nous étudions l’histoire de cette époque, nous constatons que le gouvernement a tué la plupart des apôtres et a massacré d’innombrables chrétiens innocents. Pourtant, Paul ne parle jamais d’un appel aux armes ou d’un désir de voir ses semblables renverser ce violent Empire.

Non, Paul n’appelait à une révolution terrestre. Il était plutôt résolu à renforcer la foi des croyants dans le Christ et le Saint-Esprit de Dieu. Comme il l’avait déjà écrit : « … les choses visibles sont passagères, et les choses invisibles sont éternelles » (2 Corinthiens 4:18).

Il est agréable de lire les phrases ci-dessus et de se dire à quel point il est sage d’abandonner nos soucis dans les mains de notre Dieu tout-puissant. Pourtant, c’est très difficile à mettre en pratique. Lorsque la violence et la criminalité abondent et que la réponse des autorités semblent laisser à désirer, nous pouvons peut-être nous irriter et les critiquer. Lorsque le gouvernement nous réclame plus de l’argent que nous avons durement gagné, pour l’investir dans des projets qui nous semblent excessifs, nous nous plaignons peut-être et essayons d’échapper aux taxes. Lorsque les chamailleries et les accusations contre les politiciens deviennent particulièrement ridicules, peut-être que nous les méprisons et que nous les prenons pour des idiots.

Je n’écris pas cela avec un point de vue antigouvernemental. Au contraire, en tant que chrétiens, Dieu nous demande de prier pour les gouvernements de ce monde. Nous nous demandons pourquoi nous devrions honorer les dirigeants qui s’opposent directement aux saintes lois de Dieu. Je confesse que cette question est trop profonde pour moi. Mais si nous lisons la Bible, ou les écrits de Josèphe, l’historien juif, nous nous rendons compte que nos temps troublés ne sont pas sans précédent. Les difficultés de notre époque semblent dérisoires par rapport à la corruption politique qui régnait au temps du Christ.

Une réponse partielle à notre question a des racines dans la Genèse. Depuis l’apparition du péché, l’homme doit choisir entre le bien et le mal. Dieu ne forcera personne à choisir le bien. Ceux qui choisissent d’ignorer les instructions bibliques se retrouvent esclaves de Satan. Si Dieu n’était qu’en partie souverain, la situation produirait une crainte extrême. Mais la sagesse de Dieu va bien au-delà de notre humble compréhension. Croyons-nous qu’Il est le Souverain absolu de Sa création ? Satan n’a aucune puissance sauf celle que Dieu lui permet d’avoir. Même si tout semble s’écrouler à l’échelle mondiale ou même si nos épreuves personnelles semblent insupportables, nous pouvons croire que notre Dieu règne suprêmement. D’une façon insondable, nous endurons ces épreuves pour notre bien ou pour le bien des générations à venir.

La prière est l’outil le plus efficace pour le chrétien. Il ne tient qu’à nous de dire nos ennuis au Christ et de Le laisser porter les fardeaux qui sont trop lourds pour nous. Sommes-nous contents de confier notre avenir à Dieu ou préférons-nous garder le contrôle ? Lorsque nous favorisons un parti politique en particulier, nous retirons le pouvoir de la main de Dieu en le remplaçant par la sagesse de l’homme. Pouvons-nous prier sincèrement que la volonté de Dieu soit faite ? Quelle est la valeur de notre prière si nous passons les heures précédentes à critiquer l’administration en place ? Vous devez avoir des critères supérieurs, ô héritiers du royaume de Dieu !

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à être « les gens tranquilles du pays » (Psaume 35:20), sauf si le gouvernement nous demande de violer la Parole de Dieu. Nous sommes les sujets d’un gouvernement divin, la théocratie du Père, du Fils et du Saint-Esprit. En tant que citoyens de ce gouvernement céleste, nous sommes appelés à défendre la vérité, purs des rumeurs et de la tromperie du monde.

Nous devons nous armer de la cuirasse de la justice, une justice sans égoïsme ou hypocrisie, et avoir pour chaussure l’Évangile de la paix, une paix qui ne fait aucun mal à son prochain ; portons le bouclier de la foi, une foi inébranlable même lorsque les circonstances échappent à notre contrôle. Le casque du salut nous protège, un salut que le mal qui nous entoure ne peut nous arracher, sauf si nous lâchons prise. L’épée de l’Esprit est aussi notre arme, plus tranchante que n’importe quelle épée à deux tranchants (voir Éphésiens 6:11-18 et Hébreux 4:12).

Et la prière ! Priez toujours avec la supplication dans l’esprit. « La prière fervente du juste a une grande efficace » (Jacques 5:16).

 

Details
Language
Français
Author
Noah Wenger
Publisher
Lamp and Light
Topics

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