Tout a commencé au souper. Toute la famille racontait comment s’était passée sa journée.
Tout a commencé au souper. Toute la famille racontait comment s’était passée sa journée.
Elle avait été stressante pour Hélène. Jacques n’avait pas encore rien dit. Il ne fit que dévorer une deuxième assiette de pommes de terre.
« Eh bien, moi, je suis tellement fatiguée, déclara Jeannette. Il y a eu tellement de clients au magasin de beignets ! J’aimerais tant que demain soit mon jour de congé. Je pourrais dormir toute la journée !
— Ça serait de la paresse! » s’exclama Jacques.
Jeannette fronça les sourcils. Il avait fallu qu’il sorte une évidence. « Est-ce que tu sais ce que c’est d’être debout toute la journée ? » Sans attendre sa réponse, elle mit tout le monde au courant de sa journée bien remplie. « Lorsque je suis épuisée, je suis vraiment fatiguée de sourire », termina Jeannette.
Elle tendit le bras pour prendre le bol de fruits, se servit des pêches et passa le bol à Hélène. En mangeant, Jeannette remarqua les rides de fatigue sur le visage de son père. Puis, son regard se posa sur sa mère. Elle aussi avait l’air fatiguée.
C’est à ce moment que la lutte commença pour Jeannette. Est-ce qu’il serait difficile de faire la vaisselle pour sa mère ? Jeannette gémit et soupira intérieurement. Faire la vaisselle ? La règle d’or lui vint spontanément à esprit : « Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux » (Luc 6:31). Jeannette ne sut pas où se mettre. Mais je suis tellement fatiguée, pensa-t-elle.
Maman l’est aussi. Jeannette s’émerveilla de combien rapidement cette idée entra dans son esprit.
Mais j’avais hâte d’aller me cou- cher, et vite.
Et tu ne penses pas que ta mère a hâte aussi ? Elle avait l’impression que le murmure doux et léger de Dieu avait une réponse prête pour toute excuse égoïste.
Jeannette eut un peu honte. Elle regarda le tas de vaisselle sur le plan de travail, puis elle lança un autre regard à sa mère. Oui, maman aimerait certainement se reposer plus tôt si elle n’avait pas toute cette vaisselle à faire.
En finissant son assiette, Jeannette se rappela subitement la gentillesse de sa collègue Louise aujourd’hui. Elle avait insisté pour que Jeannette prenne dix minutes supplémentaires pour son déjeuner. Jeanne avait été si reconnaissante envers elle pour ce petit acte de gentillesse. Jeannette pouvait-elle s’inspirer de ce bon exemple et faire de même avec grâce pour maman ?
Le souper se termina bientôt. Sans un mot, Jeannette se leva et commença à remplir l’évier d’eau chaude. Après avoir fait gicler un peu de liquide vaisselle, elle regarda les bulles de savon.
Hélène vint et posa bruyamment les verres à eau sur le plan de travail. « Tu vas faire la vaisselle ? » Elle regarda fixement Jeannette.
« Eh bien, ça alors ! s’exclama Kévin.
— Elle ne veut pas qu’on pense qu’elle est paresseuse », nota Jacques.
Mais ce que Jeannette aimait le plus, c’était le regard de maman ; un mélange de surprise et de bonheur. Son « Merci » du fond du cœur en valait la peine.
Curieusement, Jeannette ne se sentait plus si fatiguée. En sou- riant, elle lava à la brosse une autre assiette dans l’eau chaude et savonneuse, la rinça et la posa sur l’égouttoir. Un merveilleux sentiment de satisfaction monta en elle et elle savait exactement pourquoi.