Quels sont les éléments de cette mentalité ?
En général, nous avons les mêmes opinions sur l’importance du conservatisme dans la vie d’Église. Nous avons les mêmes opinions sur l’importance de la séparation d’avec ce monde, de l’obéissance aux commandements bibliques, du rôle de l’Église dans la vie du croyant et d’autres éléments qui caractérisent un mennonitisme sérieux. Mais il ne suffit pas d’être seulement d’accord sur ces principes de base pour maintenir ce que nous appelons le conservatisme. Pour que ce type de vie d’Église perdure, nous avons besoin, individuellement, d’avoir une mentalité qui produit une conviction personnelle qui change notre pratique personnelle et notre relation avec l’Église.
Quels sont les éléments de cette mentalité ?
Préférer ce qui a fait ses preuves plutôt que de rêver de changements. Cette attitude reconnaît que tout changement comporte des dangers. Cela ne veut pas dire que tout changement est mauvais. Mais même un changement moralement neutre est porteur de vulnérabilités parce que nous ne pouvons pas connaître tous les résultats secondaires qui peuvent découler de ce changement.
Se méfier de soi-même et de ses idées personnelles et avoir confiance dans la communion des frères. La voie de Jésus est la voie de l’humilité. Cela n’élimine pas l’importance de la conviction personnelle, mais nous permettrons à l’enseignement et au consensus de la communion des frères de modeler nos convictions.
Apprécier les pratiques et les applications traditionnelles. Le conservatisme part du principe qu’il y a des raisons saines pour les pratiques et les applications de l’Église. Il ne part pas du principe que ces choses sont dépassées et inutiles. « Lorsque vous voulez enlever le poteau d’une clôture, demandez-vous d’abord pourquoi on l’avait planté là. »
Respecter et apprécier la sagesse, la perspicacité et le point de vue des personnes plus âgées et plus expérimentées. Peut-être ne comprenons-nous pas toujours la prudence de nos aînés, mais beaucoup parmi nous, avec le temps, avons compris la valeur de leur perspective.
Désirer la sécurité à long terme qu’offrent la famille et l’Église. Nous devons éviter le « syndrome d’Ezéchias » (voir 2 Rois 20:19). Le fait de négliger notre saine pratique ne détruira peut-être pas les limites bibliques de cette génération, mais elle préparera le terrain pour les générations à venir qui perdront leurs fondements bibliques.
Être sensible à l’opinion des frères qui ont une plus grande conviction que moi, ou qui s’inquiètent plus. Quel inconvénient l’encouragement de Paul à propos de la consommation des viandes pré-sente-t-il ? Quel mal y a-t-il à limiter ma propre pratique par égard pour la conscience de mon frère ?
Respecter et apprécier les groupes qui maintiennent une pratique plus traditionnelle. Nous apprécions notre vie d’Église et nous avons peut-être observé certaines incohérences dans quelques groupes plus traditionnels, mais nous devrions apprécier ce qu’ils représentent de bien. Les mépriser aura tendance à saper nos propres positions.
Régulièrement, certains décident de suivre une voie différente en déclarant vouloir élaguer le bois mort que représentent les pratiques traditionnelles et conservatrices pour ne conserver que ce qui est vraiment important. Mais, en fin de compte, il est évident qu’ils touchent mortellement le cœur de l’arbre.
Un frère nous a raconté ce qui suit : « Le ministère a dit : “Nous refuserons de changer la doctrine. Des changements d’applications pourront se produire, mais il faut que nous maintenions la doctrine. Par exemple, le modèle du voile peut peut-être changer, mais il faut que nous gardions la pratique de porter le voile.” Mais quand ils ont atteint la ligne rouge de la doctrine, ils l’ont changée, tout simplement. »
Le conservatisme, le biblicisme et la vraie spiritualité sont tous inextricablement liés. Même si conservatisme et spiritualité ne sont pas synonymes, on ne peut pas être spirituels longtemps sans adopter le conservatisme biblique.
La Bible appelle clairement à une approche conservatrice de la vie :
... interroge [...] tes vieillards, et ils te le diront (Deutéronome 32:7).
... demandez quels sont les anciens sentiers... (Jérémie 6:16).
... que vous retenez mes instructions telles que je vous les ai données (1 Corinthiens 11:2).
Car je suis l’Éternel, je ne change pas... (Malachie 3:6).
Le peuple de Dieu change lentement. Un manque de prudence concernant le changement débouchera inévitablement sur des changements qui nous éloigneront de Lui. Par contre, la fidélité inconditionnelle nous gardera près de Lui.
* * * * *
Note de la rédaction : L’auteur a écrit cela comme l’éditorial pour sa conférence, l’Église mennonite conservatrice de l’est de la Pennsylvanie. Nous avons reduit les références à conservatif et à conservatrice en soulignant le conservatisme comme dans le titre de l’article pour l’adapter à nos lecteurs.